
Que sa lumière est fragile et fugitive !
Soir et matin, la vieille nuit s'empare de lui, et tente de l'étrangler de ses mains grises comme suie; nous tremblons alors de le voir s'éteindre et mourir, et nous nous écrions :
Attelés avec la nuit aveugle, à des choses haineuses et malignes, la terre, l'eau et l'air de la plaine ne cessent d'exhaler de perfides nuages vers la face brillante du soleil.
Ils escaladent le trône sublime, comme les farouches Titans, ils gravissent les montagnes, ils se couchent le long des champs. Ils sont partout en armes, près au combat, à l'est où le soleil se lève, à l'ouest où il se couche.
Mais lui, qui règne seul, dans le ciel, au-dessus de tout, nargue ces géants envieux et l'assaut de leurs vapeurs.
Il projette sur eux des flèches aiguës, et les géants, si vaillants d'abord, reculent interdits.
Que de fois le fort, le brillant soleil ne perd-il pas sa force, lorsque ses rayons tombent soudain, brisés et ternis !...
Mais le soleil d'été, ne connaît ni soir, ni matin, ni ruine, ni ombre, ni les mains qui l'étranglent.
Vous pouvez rassembler vos armées, puissantes vapeurs terrestres !
Vous pouvez vous soulever, mer sauvage !
Lui livrer bataille vous les nuages !
Le soleil, seul, brille éternellement, jamais il ne s'abimera dans la nuit des temps...

