Cet article rédigé est le récit de mon vécu, avec mes phrases pensées écrites noir sur blanc.

Je ne viens pas vous parler du film" Week-end à Zuydcoote " tourné dans cette belle partie de la côte d'Opale. Non c'est de l'hôpital Vancauwenberghe dont je veux vous dire le bien que j'en pense.
Souvent le mot " sanatorium " fait peur, pourtant c'est ainsi qu'était nommé autrefois cet établissement qui en a vu défiler des malades, des personnes en souffrance, des malheureux.
J'avais déjà été hospitalisée à celui de Camiers très jeune.
Quand mon médecin décréta que je devais être hospitalisée trois semaines en Aout 2000, je me suis révoltée lui disant : non ! oh ! il a l'habitude avec moi, mais après ses explications du pourquoi, et la visite auprès du médecin-chef ( une femme ) je suis donc partie dans cet établissement.
C'est là que j'ai appris que notre corps est le bien le plus précieux que nous possèdons.
L'établissement immense où j'arrivais me sembla rébarbatif, surtout lorsqu'on m'attribua la chambre austère archaïque, datant de " Mathusalem ", j'ai retenu mes larmes quand mon mari est parti.
Nous étions trois femmes dans cette chambre à côté d'autres chambres alignées dans un couloir.
Chambres aussi bien hommes que dames, les WC communs, une salle de bains où se trouvaient huit lavabos, et un paravent pour s'isoler le cas échéant.
Je me suis tout de suite très bien entendue avec les personnes de toutes les chambres, nous rencontrant dans la salle à manger, ou au détour d'un couloir menant aux soins.
Le matin branle-bas de combat, lever à 6h45 par la femme de service qui allumait la télé pour nous réveiller, et déjeuner de 7h à 7h30, toilette où je me pressais afin que personne ne me voit, quand la douche était libre je me faufilais dedans, puis à 9h piscine de rééducation plus d'une heure, repos 15 mn, et massages, et rebelote dans l'eau pour des mouvements appropriés, retour à la chambre, rendez-vous deux fois semaine avec la psychologue, je crois n'avoir jamais autant marché car les trajets sont longs dans l'établissement, des couloirs infinis.
Diner à la salle à manger, de 12h à 13h, petite sieste de 30mn, et c'est reparti pour 1h avec l'ergothérapeuthe, mouvements et démonstration de gestion du dos, ce n'est pas fini, encore un moment avec les kinés, retour à la chambre.
Les premiers jours furent très durs, et puis je me suis bien habituée, ayant même souvent des fous-rire avec les autres personnes dont beaucoup étaient là depuis des mois, voire des années, oui les accidentés graves, les grands brûlés, les laissés pour compte aussi, en détresse...!
Dans cet hôpital j'ai encore appris plus sur l'humanisme, la solidarité, le non-conformisme.
Nous n'avons pas le droit de nous plaindre je dis aux proches, quand j'ai vu les cas impensables, d'enfants sans jambes, des jeunes aux visages brûlés et en leur parlant ne pas montrer la tristesse, qu'ils ne la voient surtout pas dans le regard que je ne pouvais dérober, et d'autres malades rencontrés au cours de rares balades dans le parc, abandonnés de leur famille, comme des pestiférés.
Je peux affirmer que les médecins, soignants, kinés, maitres-nageurs ( euses ) le personnel de service méritent d'être reconnus comme super performants.
Je suis revenue à la maison contente, mais triste de quitter les autres que j'avais l'impression d'abandonner.
Maintenant l'établissement a été refait complêtement, chambre particulière et sanitaires plus nombreux.
Des chambres la mer du Nord est visible comme un tableau, dès qu'on sort des portes elle est tout près, avec ses dunes uniques.
J'ai continué à y aller souvent visiter mon amie, rencontrer des médecins, très consciencieux au centre de la mémoire, et pour d'autres sujets, c'est comme celà que j'ai pu constater l'évolution des travaux.
