Ils étaient tous malades, leurs yeux gardant en eux les horreurs vécues, les uns gazés, les autres estropiés, d'autres devenus fous de peur, de terreur.
Certains sont restés des années dans les tranchées de Verdun, d'autres y ont fait un séjour, et sont partis à Salonique, comme mon père qui est revenu gazé, malade à vie, d'ailleurs je l'ai toujours connu toussant, ses poumons foutus rongés par ce gaz ipéryte.
Mon père est parti à l'âge de dix neuf ans pour revenir à presque vingt cinq ans. Une jeunesse fichue, passée loin, à l'étranger, et un avenir qu'il ne savait pas si mal en point et qui fut si bref.