Le colimaçon.
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Hélas ! Pauvre diable, dire que je suis sorti.
Tant et tant de jours tranquille et calme, j'étais resté dans ma maison sans fenêtre ni cheminée, ouverte pour moi seul, et que je pouvais fermer comme une boite à poivre.
Il y a deux ou trois semaines, peut-être plus, que rampant de mon pas de colimaçon, le long de l'escalier de la cave, portant sur mon dos, mon toit et ma fortune, j'ai fait mon entrée dans le monde.
Mais... chut !
Qu'allais-je faire dans cette galère !
Ils cherchent tous à se culbuter, nuit et jour, ici, là-bas, et s'envoient rouler, le nez dans la poussière ; sans égard pour l'honneur, ils se battent dans tous les coins.
Ils se frappent, ils se cognent, ils s'entaillent, et chacun avec bec et ongles, perce et mord dans le tas, petit ou grand, pour tuer ou pour périr.
Tout chien envie à l'autre son pain.
Et moi, je ne puis montrer ni dent, ni main, ni talon, ni peau, ni pied, ni poing, ni lourd sabot ; je ne puis piquer ; ma tête porte bien des cornes... mais au bout de mes cornes sont mes yeux !
Que peut faire un pauvre colimaçon, perdu dans cette mélée ?
Hélas !... et dire que je suis sorti !
Je m'en vais ; je m'encours, de ce pas, vers mon escalier de cave, pour m'y terrer.
Une fois là, tout aura beau être sens dessus-dessous, je n'ouvrirai ma porte pour personne, et je m'enfermerai de nouveau, avec mon bonheur, à l'intérieur de ma coquille.
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Texte de Guido Gezelle traduit du flamand donc certains mots n'ont pas le même sens en français.