J'ai deux grands boeufs...
Ah ces souvenirs qui viennent en mémoire par moment, soit doux, tristes, émouvants, heureux, qui font vivre les disparus auxquels ces souvenirs appartiennent.
J'avais deux amis très chers, d'ailleurs ils étaient plus qu'amis dans mon coeur et c'était réciproque.
Nous sortions ensemble, faisions des repas tantôt dans une maison ou dans l'autre, nous partagions beaucoup de choses, des joies, des peines, et cela pendant plus de vingt ans.
C'est peu de dire qu'ils manquent énormément, c'est la vie, c'est le destin de tout être ici-bas, de partir, n'étant sur terre qu'un passage.
Ce jour faisant des rangements, un cahier est arrivé dans les mains, à l'intérieur sur les pages d'une écriture fine et appliquée des chansons et des poèmes sont alignés.
Dans le silence de la maison, fermant les yeux, "j'ai entendu " la voix de mon ami interpréter ce poème mis en chanson.
Cette chanson qu'il entonnait d'une voix sûre, sans fausse note, à la fin des repas, lors de grandes tablées, et qu'on demandait à chaque fois d'interpréter.
Michel vous êtes là, présent toujours, dans la mémoire de ceux qui ne pouvaient que vous apprécier.
Je n'ai pas pu faire de vidéo, pas trouvé la chanson, mais les paroles du poème sont ci-dessous, et je pense que la chanson date de 1920...je la sais par coeur mais il ne vaut mieux pas que je chante, le temps est beau, gardons-le !
Heu...désolée mon article est long, je ne m'en suis pas aperçue en l'écrivant.
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photo du net.
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Les boeufs.
J'ai deux grands boeufs dans mon étable
Deux grands boeufs blancs marqués de roux
La charrue est en bois d'érable
L'aiguillon en branche de houx.
C'est par leur soin qu'on voit la plaine
Verte l'hiver, jaune l'été
Ils gagnent dans une semaine
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.
S'il me fallait les vendre
J'aimerais mieux me pendre
J'aime Jeanne ma femme, eh bien !
j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Les voyez-vous, les belles bêtes
Creuser profond et tracer droit
Bravant la pluie et les tempêtes
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid.
Lorsque je fais halte pour boire
Un brouillard sort de leurs naseaux
Et je vois sur leur corne noire
Se poser les petits oiseaux.
S'il me fallait les vendre
J'aimerais mieux me pendre
J'aime Jeanne ma femme, eh bien !
j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Ils sont forts comme un pressoir d'huile
Ils sont doux comme des moutons
Tous les ans, on vient de la ville
Les marchander dans nos cantons
Pour les mener aux Tuileries
Au mardi gras devant le roi
Et puis les vendre aux boucheries
Je ne veux pas, ils sont à moi.
S'il me fallait les vendre
J'aimerais mieux me pendre
J'aime Jeanne ma femme, eh bien !
j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Quand notre fille sera grande
Si le fils de notre régent
En mariage la demande
Je lui promets tout mon argent
Mais si pour dot il veut qu'on donne
Les grands boeufs blancs marqués de roux
Ma fille, laissons la couronne
Et ramenons les boeufs chez nous
S'il me fallait les vendre
J'aimerais mieux me pendre
J'aime Jeanne ma femme, eh bien !
j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Pierre Dupont 1821-1870.
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A BIENTÔT