Les années ont passé avec ses peines, ses petites joies, ses fêtes non souhaitées, pas les moyens, les Noël sans cadeaux et pourtant mon jeune frère et moi étions sages pour que le Père Noël nous amène une surprise.
Sous les couvertures nous chuchotions, mais le matin du jour attendu, le vieux monsieur en qui nous croyons nous avait oubliés ! Tristesse d'enfants vite consolée par le baiser affectueux de nos parents et une orange, une coquille et un paquet de bonbons offerts par la municipalité. Puis il y eut les Noël fabuleux que mon deuxième frère revenu de l'armée, et sa femme nous préparaient en cachette, le sapin orné de guirlandes en papier doré mis près de la porte d'entrée, quand nous étions couchés, ces matins de Noël là nous eûmes de beaux jouets, de nouveaux vêtements.
Nous étions gâtés par eux qui nous ont fait comprendre que le père Noël n'était qu'un leurre pour les petits et que nos parents souffraient de ne pouvoir remplacer ce mythe !
Ma mère recevait de la poudre de riz dans une jolie boite Bourjois et mon père un paquet de tabac bleu ou quelquefois du Brouteux ( tabac belge ), et il était heureux même s'il ne le disait pas, son visage reflétait un autre éclat. Pauvre papa, comme j'eusse aimé qu'il vécut longtemps et non pas nous quitter si vite ; j'aurais aimé qu'il vive pour pouvoir lui donnertant de choses et pour qu'il connaisse la suite de ma vie de jeune fille, de femme et de maman. Qu'il puisse connaitre mon mari et voir mes enfants qu'il aurait adorés en silence, écouté et conseillé calmement s'il avait fallu.
Mais la vie est ainsi faite et notre destin suit son cours...!
L'Année 1948 reste marquée par ce que j'appelle :
" Un acte de barbarie ! "
L'opération des amygdales.
J'en frémis encore !
Car cela ne se passait pas en hôpital mais le chirurgien venait avec le médecin traitant à la maison exercer cette ablation, dans la petite chambre assise sur une chaise, j'ai la vision de ce pansement chloroforme appliqué sur le visage et ce réveil où ma mère pleurait et mon père tombé en syncope !
J'étais semi-consciente retenant qu'il fallait me faire manger seulement du froid et surtout de la glace, chose gourmande chère à l'époque, mes parents ont suivi ces conseils me chouchoutant au détriment de leur bien-être vital qu'est la nourriture.